J’ai perdu des années. Des années avec la mauvaise personne. Je n’ai pas perdu des mois ni des semaines ni des jours non, des années. Depuis le jour où il m’a dit : Aida, on s’entendait bien avant et si on ressayait ? J’aurais dû me souvenir qu’avant on ne s’entendait pas bien. Me souvenir qu’avant c’était juste lui et moi dans son ombre. Me souvenir que même à cette époque, je ne comptais pas. Et pourtant, j’ai dit oui. J’ai dit oui en me disant que cette fois-ci les choses seraient différentes que dans l’océan de frustration sentimentale dans laquelle je baignais j’avais trouvé mon ilot enfin. Que Nenni !
J’ai été si aveugle, tellement aveugle ! il ne m’a jamais aimée pendant que moi j’ai tout donné. Je ne suis pas une personne facile à vivre surtout quand j’aime (malheureusement), mais j’ai fait tout mon possible en vain. Cela n’a rien changé au fait qu’il ne m’aimait pas et qu’inexorablement on allait vers la fin.
J’essaye d’aller de l’avant, mais pourquoi je n’y arrive pas ? Pourquoi avoir la paix quelques secondes avant que le raz de marée ne me brise contre les roches ? Que mes entrailles se déchirent et que je me sens si mal ?
Pourquoi c’est si dur ? Pourquoi suis-je si faible !
J’ai voulu effacer ce texte, en écrire un autre, mais je ne peux pas. Je n’y arrive tout simplement pas. Maintenant je suis là à le fixer, à hésiter sur la touche publiée, à essayer de ne pas vous apitoyer encore plus.
Et puis, je me dis, c’est mon territoire là ! lol si je veux crier ma douleur je peux. Si je n’ai pas honte de m’avachir dans les larmes, de me complaire dans l’automutilation. De faire des gorges chaudes ou chauds écrits de mes erreurs, de ma crédulité, de mon imbécilité, de mon aveuglement !
Je crie et je le fais sans vergogne. Je crie jusqu’à me briser la voix. Je crie jusqu’à m’oppresser la poitrine, jusqu’à me briser la poitrine, au point de me noyer, je me noie et m’enfonçant dans la noirceur de mon océan de larmes, je vois de loin la boue qui m’attend à la surface, mais elle me parait si loin cette boue. Si loin…