Il y a longtemps que je ne m’épanche plus sur mes états d’âme. Je pense que j’en ai trop montré, mais j’étais brisée, cassée en deux telle une poupée tombée dans les mains d’un enfant vicieux. Je me suis réparée tout doucement, remontant la bobinette un tout à la fois malgré qu’elle est mal graissée. J’ai donné ma peine à Dieu. J’ai emballé mon cœur moignon saignant et je le lui ai tendu. Il me l’a retourné cicatrisé, apaisé. Hier, je pensais le revoir et m’effondrer. Je pensais qu’à quelques pas de lui je me serais précipitée dans ses bras envahi par les souvenirs et avide d’un retour à la normale. J’avoue que durant les quelques minutes où j’attends, adossée à une voiture sur le parking de son quartier, j’ai le trac. Telle une danseuse à quelques minutes d’un entretien, je fais des entrechats inconsciemment. Et puis au moment où je décide de rentrer et de ne pas faire face, il est là. Il avance vers moi un peu gauche parce que la situation est un peu bizarre. Deux mois et des poussières sans se voir et nous sont comme deux inconnus. Il a pris du poids, semble aller pour le mieux. Je souris et lance : franchement, tu brilles, tu as une superbe mine. Et je fonce. Et la tension n’existe plus. Nous sommes comme deux vieux amis qui souhaitent prendre un pot sans plus. Nous échangeons des nouvelles et c’est cool. Les premières minutes passent. Je me sens si légère que je manque presque de m’envoler. C’est fou. Je ne veux pas revenir. Je ne veux pas supplier. Et même quand il prend l’appel de sa petite amie, je ne sens pas des pulsions criminelles m’envahir. Il y a deux mois, je serais rentrée chez moi en larmes. J’aurais passé une nuit blanche à me mutiler au sens propre comme au sens figuré, mais aujourd’hui, je suis libre, libérée. C’est tellement bon de se sentir ainsi, telle une feuille surfant sur les courants d’air. Je me sens moi, je me sens femme, je ne suis plus en lambeau. A toi Seigneur qui a su me montrer le chemin. À toi Éternel mon berger qui m’a tendu la main quand j’étais loin de toi et qui m’a ramené dans ton giron. Sans toi, je serai encore dans le noir. Tu m’as ramenée à la lumière, tu as apaisé mes douleurs, tu m’as élevée. Toi et moi c’est pour la vie, cette vie que tu m’as donnée. Merci.